expositions personnelles

2024      Portraits, autoportraits & fleurs séchées
commissariat Jules Bertin
Villa Radet, Cité internationale des arts — Paris

2023     Sans-titre
commissariat Claire Bresson
MITCH, Stalingrad — Paris

2020     Gtg2
commissariat Loup Bahroune
carrière — Crépy-en-Valois

2019     Contouring
commissariat Jules Bertin & Claire Bresson
carrière — Crépy-en-Valois

expositions collectives & résidences (sélection)

2025     Fundraisers 2
commissariat Talia Hausmann & Lulma Guit
22 l’Galleu — Ivry-sur-Seine

2024     La jeunesse a toujours raison même quand elle a tort
invité par Milana Gabriel
Galerie Strouk — Paris

2024     Fundraisers
commissariat Lulma Guit
Beaux-arts de Paris — Paris

2024     Close-up!
commissariat Camille Martin
Neuvitec95 — Neuville-sur-Oise

2022     Biennale de la jeune création
commissariat Alexandra Servel
La Graineterie — Houilles-Carrières

2022      Résidence Obliques sessions
avec François Piron
Neuvitec95 — Neuville-sur-Oise

2021     Start down, end up
commissariat Iris Fabre & Sinae Lee
Neuvitec95 — Neuville-sur-Oise

2019     Home sweet home
random Airbnb — Mantes-la-Jolie

2019     Panique 2
commissariat Alexandre Gain
Le POST — Paris

2019     Stage auprès de Jagna Ciuchta
montage de l’exposition Darlingtonia, la plante cobra
Galerie Édouard Manet — Gennevilliers

2018     Ce qui reste du passé
galerie Collection privée — Paris

2017     Hyphen-s
commissariat Eric Dalbis& Carole Chevallier
12 Star Gallery — Londres

2017     Résidence de création
avec Alia Belgsir
Bin El Ouidanes

formation

2021     DNSEP
à l’École nationale supérieure d’arts de Paris-Cergy (ENSAPC)
2020     Semestre dans le cadre du programme Erasmus
à la Hochschule für Grafik und Buchkunst (HGB), Leipzig



J’ai commencé la peinture en représentant des montagnes, puis des intérieurs de métro et des façades d’immeubles du quartier où j’ai grandi à Paris. Au fur et à mesure des expérimentations, j’ai peint avec plus de spontanéité de manière à ce que l’on puisse retracer mes cheminements au travers des toiles, ajoutant à ces travaux antérieurs des séries d’intérieurs imaginaires, certains d’après souvenir. Quelque part, il s’agit toujours d’une capsule temporelle qui procède d’un acte de sincérité et de désir. Le contexte dans lequel je travaille a une influence impérieuse sur mon geste artistique ainsi que les lieux, les personnes, et les actes que je rencontre : on les retrouve dans mes toiles que l’on peut ainsi investir. Mes peintures sont des supports d’association libre des éléments puisés dans ces rencontres.

Il y a tout un faisceau d’évènements concrets qui me font passer d’une série à une autre; choses vécues et subies mais il est important pour moi de laisser les peintures sortir à la chaîne sans chercher immédiatement à m’expliquer ce qui en déclenche le passage. Pour cela, je travaille assez rapidement. En répétant le travail autour du même sujet à une cadence soutenue, je parviens à entrenir une forme de spontanéité qui me permet d’exprimer un sentiment sincère. Je pense qu’on peut parler de peinture-fleuve car je produis une grande quantité de toiles de cette manière.

Je ne visionne pas une toile à l’avance. Je la débute par une couleur me venant à l’intuition. Cette première couleur est déjà une réponse à la couleur du fond que j’ai préparée sur la toile. Parfois ce fond est simplement la couleur du tissu encollé. Le lin donne par exemple une couleur un peu brûlée après passage de la colle de peau de lapin. Parfois je prépare les fonds pendant des jours et des jours, superposant les mélanges, jusqu’à obtenir une surface qui me donne envie de peindre. Quand je commence à peindre les couleurs viennent les unes après les autres naturellement et je sais immédiatement quand je trouve que l’une d’entre elles jure. Il n’y a pas de recette, pas de liste ou d’ordre pré-établi, c’est toujours et sur chaque toile une nouvelle palette qui se définit au fur et à mesure qu’elle se met à apparaître, je n’ai pas d’idée préconcue de la palette que j’aimerais utiliser pour une nouvelle série, je ne connais d’ailleurs pas très bien le nom des couleurs. Toute seule, une couleur est comme invisible. Lorsque je vois la première couleur posée sur la toile, elle en appelle d’autres dans ma tête que j’essaie donc d’ajouter pour qu’elles s’accompagnent et se révèlent. Après avoir peint depuis plusieurs années, je sais d’expérience par quel mélange obtenir ces couleurs.

Il se produit un jeu d’équilibriste qui vise à obtenir des formes de multiplications, ni trop harmonieuses, ni trop dissonnantes. Il arrive aussi que certaines couleurs me fassent découvrir une possibilité que je n’avais pas imaginée, et qui me paraît être une nouvelle partie de moi ou alors une facette que je n’avais pas explorée. Il arrive aussi que je ne parvienne pas à trouver la couleur qui est appelée ou que je pose aussi une mauvaise couleur, mais les accidents permettent de complexifier la chose, de faire bifurquer la peinture sur une autre voie. Peut-être que le résultat doit s’approcher d’une signature corporelle et mentale qui est la mienne, figée dans la réponse qu’elle produit face au stimulus du monde extérieur. En tout cas cela me paraît évident lorsque la peinture commence à s’éloigner de moi, que l’acte n’est plus sincère.

C’est un processus infini car les changements lents du corps et de l’esprit font que cet équilibre se suspend toujours à de nouveaux fils, le déplaçant progressivement au fur et à mesure du temps. La déclinaisons des chromatismes, les géométries changeantes, font que chaque toile aurait pu aussi exister d’une façon différente dont elle le fait, par le fait d’un autre assemblage résultant de ce processus. Chaque première toile d’une nouvelle série contient donc le potentiel des autres peintures possibles. Les suivantes sont alors des explorations de ces nouveaux possibles. Ce que produit l’ensemble des toiles d’une même série m’intéresse plus qu’une peinture isolée. Il me semble aussi que les couleurs de mes peintures actuelles sont toujours des formes de réponse aux séries de peintures précédentes. Dans certains cas, il arrive qu’une nouvelle toile soit suffisamment peu la conséquence des précédentes pour que je puisse alors la considérer comme un nouveau début.

Je fais exister des figures issues de mon quotidien dans mon travail mais il y a aussi un mouvement qui va dans l’autre sens. Le fait de peindre influence ma vie en m’entrainant à vivre des situations inédites, qui souvent font évènement à part entière, me faisant repenser la façon de mettre en place les situations propice au travail, à mettre en place des séries de rituels. Malgré elles, les toiles nécessitent des interactions. Je peux véritablement dire que ces sont les toiles qui créent ces interactions et que dans cette création elle se différencient d’un travail d’impression de la surface. J’essaye de laisser l’espace et la liberté nécessaire pour que les accidents inconscients puissent se produire.

Je ne cherche pas à immortaliser le romantisme d’un paysage ou à exprimer une émotion particulière, je cherche seulement à capter l’ensemble des conditions mises en place pour la réalisation de la peinture, et tout élément traversant mon champ de perceptions durant le moment de l’acte de peindre, de façon involontaire ou non.

Jules Bertin

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